La vie est faite de cycles. Et lorsque nous essayons de la voir comme une droite ou une courbe qui va sans cesse de l’avant, nous nous perdons, car paradoxalement, c’est en tournant en rond que nous gardons notre cap.
Le temps en boucle
J’ai commencé à travailler chez sanu le 1er décembre 2002. Et chaque mois de décembre, lorsque le marché de Noël s’installe dans les rues de Bienne, je me rends compte qu’une année est passée. Et d’année en année, de projets en projets, de fonction en responsabilités nouvelles, soudain, voilà vingt ans de passés. Celles et ceux qui avaient mon âge au moment où je démarrais ma carrière professionnelle prennent maintenant leur retraite. Et je réalise qu’une carrière ne se fait pas le long d’une ligne incrémentée par des jubilés de plus en plus impressionnants, par des responsabilités qui augmentent de plus en plus ou un salaire qui ne connait que la fonction additive, mais elles se fait dans un cycle, avec un début et une fin, avec les uns qui remplacent les autres.
L’illusion d’une croissance linéaire infinie
Nous avons cru à une économie de croissance infinie. Nous avons optimisé durant des décennies un système de production linéaire qui accélérait constamment la vitesse d’extraction des ressources, de transformation en biens puis leur consommation avant d’en faire des déchets.
Si une partie d’entre nous redécouvre aujourd’hui les principes de l’économie circulaire, qui essaie de maximiser la durée d’utilisation d’un produit, ou de ressources grâce à la mutualisation, la réparation ou encore le recyclage, nous voyons encore tous nos vies comme des parcours linéaires, plus ou moins chaotiques, mais toujours avec un début ou une fin. Certains essaient de vivre le plus longtemps possible, en s’aidant de tous les artifices. A force de se fixer des objectifs nous avons perdu la capacité de voir notre vie en tant que cycle.
Comme une musique, la vie est rythmée par des cycles
Pourtant, tout est organisé en cycle autour de nous. Les saisons rythment l’année, se suivent toujours dans le même ordre, nous offrant dès la naissance l’occasion de sentir une année passer. Nous les accompagnons de fêtes et de rituels qui nous aident encore mieux à nous ancrer dans ce temps qui passe, et qui se répète inlassablement. A plus petite échelle, chaque mois a ses jalons, entre le salaire ou le magazine mensuel, pour lesquels on se réjouit à chaque fois. Les mois sont eux même rythmés par les semaines, dont les accents immuables des week-ends organisent nos vies avec une régularité de métronome. Grâce à elles, nous sentons le temps passer au quotidien. Puis viennent les jours avec leurs habitudes particulières, les heures, puis les secondes.
Notre vie est ainsi rythmée par cette succession de cycles comme une musique. En effet la musique est également faite de successions de cycles ; car sans cycle, pas de rythme, pas de tempo, pas de style. Une marche à deux temps, une valse à trois temps, un tango ou une salsa à quatre temps… chacun de ces rythmes permet une danse différente, et les danseurs savent avec certitude qu’après le dernier temps revient le premier. Et c’est sur cette régularité, qu’ils calent leurs pas, leurs mouvements et peuvent même commencer à improviser.
Sans cycles, pas de musique, et pas de danse… sans cycle, personne ne peut danser en rythme avec d’autres. Profitons de ce temps des fêtes de fin d’année, pour marquer un temps, et entrer dans la danse.
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